Aujourd’hui, nous découvrons l’univers de la physique-chimie au Lycée Français de Shanghai à travers les mots de M. Oumarou Mahamadou, professeur passionné qui enseigne au secondaire depuis 2002.
Bonjour Oumarou, pourrais-tu te présenter ?
Je viens du Niger et j’ai commencé à enseigner au LFS en 2002. Depuis, j’ai pratiquement fait tous les niveaux. J’enseigne aux 5ᵐᵒ, 3ᵐᵒ, Secondes, et aux 1ʳᵉ en spécialité.
Je suis arrivé en Chine grâce à un échange universitaire entre l’Université de Niamey et East China University of Science and Technology (华东). Au départ, c’était juste pour un an de chinois. Pendant ce temps-là, un peu par hasard, je donnais des cours particuliers à des élèves du LFS via des connaissances. Très vite, j’ai intégré le LFS à plein temps après ma formation, et voilà, ça fait 22 ans que j’y suis (rires) !
Peux-tu nous parler un peu plus de ton parcours ?
Avant de venir en Chine, j’étais déjà professeur dans un lycée au Niger (pays francophone). J’avais décidé de reprendre mes études et j’ai obtenu un diplôme en physique, spécialisé en physique des solides, pour atteindre un niveau Bac +7.
Je suis un vrai passionné de physique. Pour moi, les sciences physiques, c’est deux mondes : celui des lois, des postulats, des propriétés, et celui des observations et des événements. Mon rôle, en tant que physicien, c’est de relier les deux. Ce que j’aime, c’est quand une loi qu’on pensait infaillible se retrouve invalidée : cela ouvre de nouvelles perspectives et nourrit la recherche.
À l’école, c’est pareil : c’est le meilleur endroit pour se tromper. On corrige, on apprend, et on avance. J’adore mon métier de professeur aussi parce que ce n’est jamais la routine. Les élèves changent, les personnalités sont différentes, et chaque classe est un nouveau défi. Comment leur faire comprendre tel ou tel principe ? C’est ce qui me motive, et c’est ce que j’aime dans le projet du LFS : amener tout le monde vers l’excellence.
Alors, comment se passe un cours de physique ?
Cela peut varier : parfois, j’introduis une notion par une expérience. Les élèves cherchent, testent, parfois se trompent, et on valide ensemble à la fin. D’autres fois, on commence par le cours, où je me concentre sur les principes et le vocabulaire scientifique.
Un aspect important en physique-chimie est de différencier le vocabulaire de la vie quotidienne du vocabulaire scientifique. Par exemple, beaucoup de gens confondent poids et masse : on donne souvent une valeur en kilogrammes pour le poids, alors que c’est une masse. Ces notions demandent beaucoup de rigueur.
Après, les élèves peuvent avoir une activité à faire à la maison pour approfondir. Peu importe la méthode, le principal, c’est qu’ils manipulent et expérimentent.
Comment fonctionnent les Travaux Pratiques (TP) et les laboratoires ?
Les TP, c’est un moment privilégié. Les élèves font des hypothèses, mettent en place un protocole, et à la fin, ils valident ou infirment leurs idées. Les TP se font en petits groupes de 10 à 12 élèves, avec des binômes.
Nos laboratoires au LFS sont très bien équipés. Nous, les profs, on élabore les TP, et nos laborantines préparent tout le matériel nécessaire. Parfois, on laisse volontairement du matériel inutile pour que les élèves apprennent à faire les bons choix. Ils doivent suivre un protocole, tester leur hypothèse, et, surtout, s’approprier le laboratoire. On les met en autonomie, on leur montre où tout se trouve, et c’est à eux de jouer.
Quels profils d’élèves sont en spécialité physique-chimie en Première et Terminale ?
Pour le bac, il y a une épreuve de manipulation individuelle, un TP tiré au sort parmi ceux vus dans l’année. Cela compte pour 20 % de la note, en plus de l’épreuve écrite. Nos élèves s’en sortent très bien, car on a le temps de s’occuper de chacun, grâce aux petits effectifs.
L’excellence, pour moi, ce n’est pas que tout le monde ait 19. C’est que chacun donne le meilleur de lui-même et, surtout, qu’on réussisse à les intéresser à la discipline.
Quels sont tes moments préférés au quotidien ?
Ce que je préfère, c’est les rassurer quand ils ont peur de se tromper. Je leur dis souvent : « Si vous ne vous trompez pas, moi, je n’ai pas de métier. » Quand ils font des erreurs, ça aide toute la classe. On appelle ça le « statut de l’erreur » : on analyse ensemble, et ça fait avancer le cours.
Parfois, dans un devoir, je m’amuse même à ajouter une question dont je sais que personne ne trouvera la réponse. Elle ne vaut que 0,5 point, mais ça permet de repérer les passionnés. Ces élèves-là cherchent, insistent, et viennent me voir pour avoir des pistes de réponse. Quand ils trouvent, tu vois une lumière dans leurs yeux, c’est extraordinaire.
Tu es aussi coach de foot en compétition. Comment ça se passe ?
Oui, j’ai commencé en 2010, quand on a monté la première équipe de football féminin au LFS. Certaines filles que j’ai coachées sont aujourd’hui semi-pros, l’une joue dans l’équipe nationale du Canada et une autre à Lausanne. Être en ASC, c’est aussi un moment privilégié. En fait moi, tu me mets des élèves en face de moi, je suis heureux, que ce soit en cours ou sur le terrain (rires).
Un dernier mot ?
Oui, je souhaite vraiment faire quelques remerciements. Je remercie mes parents pour leur altruisme contagieux, »le mal est une absence de bien comme l’obscurité est une absence de lumière » aiment-ils dire. Bien sur, je remercie le Lycée Français de Shanghai, tous les élèves et les parents pour leur confiance. Et merci à M. Michel Platini, M. Nelson Mandela et M. Albert Einstein qui ont toujours inspiré mon état d’esprit !
Depuis plus de deux décennies, M. Mahamadou incarne l’excellence de l’enseignement de la physique-chimie au Lycée Français de Shanghai. Grâce à sa passion contagieuse, son approche pédagogique rigoureuse et son attention portée à chaque élève, il a su éveiller des vocations et faire rayonner notre établissement. Que ce soit en classe, en laboratoire ou sur le terrain de football, il illustre parfaitement l’engagement du LFS à offrir une éducation de haut niveau et à cultiver la curiosité scientifique chez nos élèves.