Au LFS, nous offrons aux familles la possibilité d’accueillir leur enfant de deux ans à l’école, afin de promouvoir leur développement en amont du démarrage officiel de la maternelle. Comment cela fonctionne-t ’il ? En quoi est-ce bénéfique pour les enfants ? Nous vous donnons tous les détails sur notre Toute Petite Section de maternelle (TPS).
Considérée comme une première expérience éducative collective, notre TPS accueille un maximum de 12 enfants sur chaque campus, pour encourager la socialisation. Nos petits écoliers peuvent être mélangés avec des élèves de Petite Section (PS), puisque les enseignements proposés portent sur les mêmes thématiques d’apprentissage, car la TPS est une école et non un jardin d’enfant.
Supervisée par une enseignante francophone et deux assistantes bilingues en français et en chinois, qui travaillent en suivant les objectifs du système scolaire français, tout en s’adaptant au rythme de chaque enfant.
Chaque matin les enfants sont accueillis avec leurs parents, et les enseignements démarrent comme pour tous les élèves à 8h00.
Les élèves travaillent à cet âge essentiellement le vocabulaire, la posture d’écoute et leurs compétences motrices au travers des arts, du langage et des activités physiques adaptées à leur âge.
Bonjour Fara ! Être professeure en TPS-PS est une nouveauté cette année au LFS, qu’est-ce qui t’a intéressé dans ce poste ?
Je viens du milieu de l’enseignement. En arrivant en Chine, avoir cette opportunité au sein du LFS fut une vraie chance. J’ai toujours travaillé aux côtés des enfants, de tous âges. J’ai travaillé par le passé en tant qu’assistante sociale, après avoir étudié la sociologie.
Le secteur du social fait vraiment partie de ma personnalité et m’inspire profondément. Je suis Malgache, et je pense que mes racines ont un lien fort avec le contact humain et la manière dont on élève les enfants. Il est très courant d’entendre l’adage qu’il faut un village pour élever un enfant. Je m’y retrouve beaucoup. C’est vraiment au cœur de ce qu’est être enseignant.
Ayant été éducatrice spécialisée pour les enfants atteints d’autisme m’a vraiment ouvert les yeux et l’esprit. On ignore encore beaucoup de choses sur les enfants, et sur l’être humain en général. La manière dont on voit le monde, dont on réfléchit, dont on se reflète à travers les yeux des autres, c’est vraiment fondamental. Ce qui m’importe, c’est d’arriver à transmettre mon enseignement aux tous petits, j’essaie de toujours prendre le recul de me demander ce que je peux faire pour qu’ils aiment être à l’école et aient l’envie de revenir voir leur maîtresse. Cela me tient beaucoup à cœur.
C’est un peu l’orgueil des enseignants quelque part (Rires), on souhaite faire un peu partie de ce que peut être l’enfant. Je souhaite donner le meilleur de moi-même pour qu’ils puissent devenir des êtres humains extraordinaires.
Comment les journées se passent avec nos jeunes élèves de TPS ?
L’avantage d’être en double niveau TPS-PS, c’est qu’ils apprennent par les plus grands. Les bonnes habitudes sont initiées, on apprend à l’enfant comment se comporter en classe, ce que veut dire être un élève autonome.
Nous avons des références différentes de celles que les enfants ont à la maison. En TPS, on arrive le matin, on dit bonjour, ce qui est essentiel, on met son prénom sur le tableau pour marquer sa présence, et ensuite nous avons un espace accueil pendant environ 35 minutes. Les élèves sont libres de s’approprier l’espace de la classe, c’est un moment d’éveil langagier, on échange beaucoup.
Après cette période, on commence la séance, on va s’asseoir, on va écouter la maîtresse et les autres, on discute du programme, ce qui nous prend environ 20 minutes. On enchaîne les activités et on s’adapte à ces différents rythmes. La socialisation est clé en TPS, comme apprendre à accepter de faire les activités même si on n’a pas forcément envie au début. Etre disponible pour apprendre commence tout d’abord par être bien en classe, avec la maîtresse, avec les camarades.
A 2 ans, l’enfant est centré sur le « soi », il découvre sa personnalité, son corps, ce qui peut rendre difficile l’accueil de l’autre, comme par exemple, le simple fait de partager un jouet ou de laisser un jouet à l’autre. Souvent les parents pensent que l’élève va à l’école pour apprendre à compter ou à lire, mais il ne faut pas oublier que ce petit être est en pleine construction psychologique. A 2 ans, les enfants se séparent de leur maman, cela peut être difficile, c’est un nouvel environnement auquel il faut s’adapter. Le processus doit se mettre en place avec accompagnement, et bienveillance.
Quels sont les principaux axes de développement que tu utilises dans ton approche d’enseignement ?
Etant dans une école, notre TPS fait partie de la maternelle, même si le focus est davantage sur la socialisation. Nous avons une ligne directrice qui nous vient de l’école française avec un programme à suivre pour développer les compétences de nos élèves sur l’année.
Personnellement, je suis très centrée sur la socialisation par l’école, et mon axe principal repose sur les manières dont je peux emmener les enfants à s’ouvrir aux autres, à être confiants. Dans ma méthodologie, je privilégie beaucoup le choix. Quand on a le choix, on apprécie de faire une activité et de donner son maximum. A 2-3 ans, le moi s’affirme, et l’envie de décider par soi-même se manifeste. Je cadre, j’oriente, mais je laisse le choix aux élèves pour qu’ils s’investissent et soient fiers de ce qu’ils accomplissent.
Comme toutes les écoles de maternelle, nous travaillons sur des thèmes qui permettent de développer le langage. Il y a tout un imagier qui nous accompagne. Lorsque j’étais éducatrice spécialisée, on travaillait avec des images et des pictogrammes. C’est rassurant pour des jeunes enfants de se visualiser les choses, même si la barrière de la langue est là. La base de l’enseignement repose aussi sur ce principe clé.
N’oublions pas que beaucoup de nos élèves sont sinophones. Je fais la majorité de mes séances en français, mais quand je sens qu’un enfant est un peu perdu, je parle un peu en chinois pour expliquer certaines choses simplement. Je vois le grand sourire d’un enfant qui réalise qu’il est compris, et qu’il se sent inclus dans le groupe. Je tâche de faire attention à ce que tout le monde soit inclus et soit sur le même pied d’égalité. C’est très important pour moi.
On est une école française mais pour nos élèves sinophones, les références ne sont pas les mêmes. Petit à petit, on y arrive. Cela fait environ 2 mois que nous sommes à l’école. J’ai des élèves qui ne parlaient pas un mot de français en septembre et qui commencent à s’exprimer par des mots et phrases simples maintenant, car ils ont pris confiance en eux et osent essayer.
Quels sont les défis que tu rencontres en travaillant aux côtés de jeunes enfants ?
Cette barrière de la langue n’est pas seulement le parler, elle est aussi culturelle et émotionnelle. Beaucoup de choses se cachent derrière une langue. J’ai eu l’expérience d’un de mes élèves, qui est élevé principalement par ses grands-parents. Quand des choses le contrariaient, je n’arrivais pas à le consoler, il ne comprenait pas mon intention et me repoussait. Ce fut difficile pour moi de comprendre, il a fallu que je trouve un moyen qui lui parlait plus pour que je puisse me connecter à lui. C’est difficile d’aider un élève à se sentir bien en classe. Mais petit à petit, l’élève a appris à me connaître.
Je fais beaucoup des jeux où je fais le clown, je leur fais comprendre que je commets aussi des erreurs. Je m’excuse quand je me trompe ou que j’oublie quelque chose. Pour les élèves, c’est révélateur de se montrer humain, et de se mettre à leur niveau. Cet élève maintenant accepte de se confier à moi, et j’ai pu voir de gros progrès.
Le langage, c’est un bien-être qu’on ne peut pas oublier. Même si on ne parle pas chinois, on peut réussir à se connecter à l’élève au-delà même du parler. C’est un vrai défi dans une école localisée à l’étranger mais ce n’est pas insurmontable.
Qu’est-ce qui te rend la plus fière dans ton travail ?
Les petites victoires sont le plus important. Je suis maman d’un enfant autiste. Ce qu’on apprend quand on est éducatrice spécialisée, c’est qu’il n’y a pas de grande victoire, ce sont les petites victoires qui s’accumulent qui marquent le progrès. En tant qu’enseignante, en début d’année, j’avais une élève qui avait un peu peur de moi, et maintenant, elle fait de son mieux pour faire des petites phrases en français. On voit nos élèves qui pleuraient en début d’année et qui maintenant me cherchent dès qu’ils arrivent en classe. Les élèves deviennent indépendants et autonomes.
Selon toi, quels avantages y a-t-il à inscrire son enfant en TPS ?
Par rapport à l’âge psycho-émotionnel, la socialisation est vraiment cruciale. On apprend aux enfants à être bien dans un contexte social : je peux me faire des copains, je peux m’exprimer, je peux me faire entendre. Il y a des règles avec la maîtresse, un emploi du temps, on sait où on va dans la classe, quels sont les objectifs. C’est rassurant d’avoir un rythme pour un enfant. On se dit qu’on est en classe, on est prêt à apprendre.
On prépare nos élèves aux futurs objectifs académiques de l’école car si l’on n’est pas préparé à accueillir cela, on sera en mal-être. On construit la confiance de l’enfant, l’envie d’essayer et de faire de son mieux. En TPS, on apprend à vivre ensemble, à l’école, pour devenir élève.