Le programme FLSco ouvre les portes de notre école aux élèves non-francophones et permet de promouvoir davantage la diversité que l’on retrouve au sein de notre communauté. Pour en parler davantage, quoi de mieux que d’aller voir l’envers du décor ? Nous échangeons aujourd’hui avec Lisa Robichet, professeure de FLSco au Primaire de Yangpu.
A la base, je suis professeure de FLE, je suis arrivée en Chine en 2017. Entre 2017 et mon arrivée au LFS, j’ai travaillé en Alliance française, et étais plutôt axée vers les adultes, même si j’ai également enseigné aux enfants. C’est là que j’ai découvert un réel intérêt pour l’enseignement des enfants en particulier. Quand j’ai reçu une offre d’emploi du LFS dans ce sens, enseigner le français comme langue de scolarisation pour les enfants, cela m’a tout de suite intéressée. En arrivant, j’ai pu suivre une formation supplémentaire en FLSco.
Cela se passe très différemment selon les classes, les âges et les personnalités des élèves. Il n’y a pas un cours type. On va bien sûr avoir des rituels mais on peut dans chaque classe faire des choses différentes. Nos emplois du temps ne sont pas aussi fixes que les professeurs des écoles. On se coordonne avec les professeurs des écoles pour connaître les sujets abordés en classe les semaines suivantes. On s’accorde pour travailler sur les notions nécessaires à enseigner.
Personnellement, je m’occupe des petits niveaux, grande section de maternelle et CP, et donc j’utilise beaucoup d’images, de présentations PPT, de vidéos, de chansons pour rendre l’apprentissage du français le plus ludique possible. On fait énormément de jeux en classe.
On leur apprend dans un premier temps un certain nombre de mots de vocabulaire, ce qui leur permet de décrire ce qui est autour d’eux. Une fois que le vocabulaire est assimilé, on ajoute alors de la syntaxe, pour que les élèves puissent faire des phrases correctes, et échanger plus facilement avec leurs professeurs, la vie scolaire, les parents du BDA, leurs camarades et même au-delà de la classe. Petit à petit, on va passer d’une phrase courte à une phrase plus longue, et on va ajouter des mots, de la grammaire, et construire leur apprentissage.
Oh j’ai le monde entier dans ma classe. (Rires) En trois ans au LFS, j’ai eu des élèves de profils très différents, on a beaucoup d’élèves chinois ou franco-chinois, mais j’ai également enseigné à des élèves espagnols italiens, anglais, suédois, coréens ou encore mexicains. Cela m’a permis de me remettre à d’autres langues comme l’espagnol. (Rires)
J’ai fait une Licence qui n’avait pas attrait à l’enseignement pour commencer, car je n’étais pas certaine de mes choix de vie future, j’ai étudié la médiation culturelle, afin de pouvoir servir de guide dans les musées. J’avais déjà cette envie de transmettre et pendant mes études, j’ai rencontré ma meilleure amie qui est coréenne, et qui à l’époque apprenait le français dans mon université. Je l’aidais souvent en français pendant le week-end. (Rires)
J’ai ensuite fait un Master de Didactique des Langues avec une spécialité en Français Langue Etrangère, et je suis partie en stage un peu partout. Etrangement, j’ai d’abord commencé à faire des stages au sein d’écoles, j’ai travaillé en Thaïlande, en Ukraine, dans des écoles primaires et secondaires.
Mon premier emploi était basé en Irlande, j’ai travaillé dans une école pour filles à Limerick. Et après un an, j’ai eu l’envie de changer et de partir le plus loin possible pour vivre une nouvelle expérience. J’ai vu une offre d’emploi de Professeur de FLE en alliance française en Chine, à Nankin. J’ai sauté dessus et suis arrivée en Chine en 2017, j’ai passé quelques années là-bas avant de déménager à Hangzhou en janvier 2020, littéralement trois jours avant le Covid. (Rires) J’y suis restée un an et demi et ai ensuite été recrutée au LFS en août 2021, où je continue de me former également.
Au sein du LFS, on a la chance d’avoir accès à des formations, j’ai fait un Diplôme Universitaire pour me former au métier de professeur des écoles car je pense qu’il y a des liens à faire entre le métier de FLSco et le métier de professeur des écoles.
C’est compliqué comme question ! (Rires) L’un des moments qui me rendent la plus fière c’est de voir les enfants qui au début de l’année scolaire se sentaient peut-être un peu mis de côté car ils ne comprenaient pas tout, interagir et participer avec des francophones natifs à la fin de l’année. C’est une fierté que je partage avec mes collègues professeurs des écoles.
Une autre fierté d’enseignant, c’est lorsque les parents viennent nous voir, car ils se souviennent de nous. Cette année encore, lors des portes ouvertes, j’ai eu la visite d’un parent d’élève que j’avais eu lors de ma première année au LFS.
Observer nos élèves en ASC qui arrivent à discuter avec d’autres élèves en français, complètement intégrés dans l’école, c’est vraiment quelque chose qui me rend heureuse.
L’inclusivité, l’accueil de tous, donner à chacun une chance égale de réussir, qu’on soit francophone natif ou non, sont vraiment selon moi les fondements du programme FLSco.
Si la situation du Covid a joué avec la raréfaction de la communauté franco-française, on voit ces dernières années plus d’élèves FLSco avec un profil sinophone, et je pense que cela renforce encore plus ce que le LFS a fait ces dernières années, qui est d’être un acteur très présent dans la francophonie dans le secteur de l’éducation.
S’ouvrir aux autres permet d’amener tous nos élèves à une ouverture d’esprit dont ils auront besoin pour leur avenir. J’aurais aimé, moi enfant, évoluer dans ce type d’environnement dans mon village à côté de Toulouse. Les enfants ici échangent avec des camarades de culture parfois complètement différente, et se créent leur propre culture. Je pense que c’est essentiel pour créer des adultes qui seront bienveillants envers les autres.
Le FLSco permet d’enrichir notre culture scolaire, ainsi que notre culture personnelle. On fête halloween, on célèbre le nouvel an chinois, on célèbre des fêtes françaises.
Je permets toujours à mes élèves de me dire les choses qu’ils observent dans leur langue maternelle, je les incite à ne pas repousser leur langue maternelle. J’aime laisser le choix à chacun de mes élèves de construire sa propre identité. Je pense qu’avoir des élèves FLSco dans sa classe ne peut qu’enrichir la classe dans son ensemble, non seulement par l’éducation que le professeur peut donner, mais également par ce qu’on peut apprendre et découvrir chez ses camarades.
Avoir des élèves FLSco permet à l’établissement et les parents d’être fiers de tous participer à l’enrichissement de la communauté francophone de Shanghai. La communauté francophone de Shanghai n’est pas constituée que de Français natifs. On n’aurait pas de lien aussi fort avec la Chine si nous n’avions pas des membres de notre communauté chinois francophones.
Pour finir, j’aimerais simplement rappeler que nos élèves FLSco n’apprendraient pas le français aussi bien sans le travail de mes collègues professeurs des écoles mais aussi de tous les autres acteurs du LFS : collègues d’EFL et de CLE, Vie Scolaire, BCD, ASC, pôle infirmerie, pôle psychologie et j’en oublie… Donc merci à eux également pour leur patience, leur écoute et leur disponibilité auprès des enfants (et de leurs enseignants) !