S’il y a un phénomène bien connu par tous, c’est celui-là : tout démarre par des parfums. Cuites au charbon de bois ou aux pieds de vigne, les chipolatas et les merguez embaument l’atmosphère d’une odeur si caractéristique que les convives aux alentours en ont tout de suite l’eau à la bouche…
Si en effet, merguez et chipolatas sont les stars de la cuisine de plein air, pas question de barbecue en salle 524 du bâtiment D ; pourtant, un air d’Oktoberfest planait au-dessus des derniers cours d’allemand de la semaine, ayant ainsi clos une semaine de folie – la « semaine du goût ».
Oui, cet après-midi de la mi-octobre semblait le moment parfait pour improviser avec les germanistes du collège un « cours d’allemand et saucisses ».
Après une brève piqûre de rappel que la traduction en allemand de saucisse ou saucisson est bel et bien Wurst et non pas « Sosätsch » (faudrait ressortir le tout premier test de vocabulaire !), les élèves avaient la lourde mission de décrypter la signification d’une série d’expressions telles que « cela m’est saucisse » (Das ist mir Wurst = ‘cela m’est égal’), « ne joue pas à la saucisse de foie vexée » (Spiel nicht die beleidigte Leberwurst = ‘tu ne vas pas te vexer pour ça’) ou tout simplement « il s’agit de la saucisse ! » (Es geht um die Wurst = ‘c’est le moment décisif’), avant d’entrer dans le vif du sujet, la dégustation.
Devant l’étal du prof d’allemand devenu saucissier pour l’occasion, les élèves en avaient plein la vue avec saucissons de pâté de foie de porc (Leberwurst) et saucisse à la viande hachée et aux oignons (Zwiebelmettwurst), le tout sous forme à tartiner. A peine étalés sur une sélection de petits pains allemands (les fameux Brötchen), soudain de multiples petites mains euphoriques dévalisaient planche à découper et assiettes en un temps record, sans doute séduites par une marchandise offrant une couleur dense et un nez exubérant d’arômes fumés ayant mis l’eau à la bouche de ces petits aventuriers, apprentis de la langue de Goethe, que l’on aurait cru affamés en cette fin de vendredi après-midi…
Voilà, tout de suite, une dégustation de saucisses, ça fait sourire – personne n’avait besoin d’une « saucisse extra » (eine Extrawurst wollen = ‘ne jamais faire comme tout le monde’) ce jour-là, à tel point que la saucisse même en était contente (Die Wurst ist froh)… Si Herr Schäfer est (ist) ou s’il mange (isst) une saucisse (à l’oreille, cela sonne pareil), n’est finalement qu’un détail.
Texte écrit par Matthias Schäfer